Les Républicains (LR) n’ont pas fini de se déchirer sur leur ligne de fond. A la suite des propos tenus sur CNews mardi 5 octobre par Gilles Platret, l’un des vice-présidents du parti, où il évoque une « épuration ethnique » qui serait menée par « un bloc musulman » « dans certains quartiers », le chef du groupe LR à l’Assemblée nationale, Damien Abad, hausse le ton jeudi. Sur la même antenne, ce dernier a en effet condamné les propos de M. Platret, qu’il juge « pas acceptables » et s’est dit en « total désaccord » avec le vice-président de son parti.
Gilles Platret, qui est également maire de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire), avait affirmé dans l’émission de Jean-Marc Morandini sur CNews que « ce qu’on voit aujourd’hui dans certains quartiers – et je vais employer un mot qui va forcément faire réagir autour de cette table – moi, je sens une espèce d’épuration ethnique ». Il avait évoqué « des personnes d’origine étrangère qui chassent petit à petit ce qu’on appelle en démographie des natifs, c’est-à-dire des gens originaires du pays, pour faire la place » et « pousser dehors » ceux qui n’appartiennent pas à « un bloc musulman ».
Refuser les « appels du pied à Eric Zemmour ou Mme Le Pen »
« Notre mission à droite doit être de réconcilier les Français », pas de « fracturer la société française », a répondu avec fermeté Damien Abad jeudi. Il ajoute : « Je dis à ma famille politique que ce n’est pas en faisant des clins d’œil ou des appels du pied à Eric Zemmour ou Mme Le Pen qu’on attirera les électeurs à nous. » Pour le patron des députés LR, la droite « doit porter des convictions fortes sur des projets politiques » plutôt que de « courir à l’échalote à partir de tel mot, telle outrance ou tel excès. »
Réinvité dans la matinée au micro de CNews face au député du Val-d’Oise Aurélien Taché, qui a déclaré avoir saisi le procureur de la République contre lui, Gilles Platret a persisté dans ses propos et a balayé la condamnation de Damien Abad : « Les Républicains sont un parti composite. Je ne pense pas non plus, sur une idée aussi avancée que celle que j’exprime, faire l’unanimité. Mais je n’aspire pas à l’unanimité ! » « Il est grand temps que Damien Abad retourne sur le terrain ; les couloirs de l’Assemblée nationale font parfois perdre la mesure de la réalité », a ajouté M. Platret, démontrant l’ampleur des divisions sur la ligne politique à tenir chez LR à six mois de l’élection présidentielle.
La Source: Le Monde